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Du 1er au 10 octobre, les +45 Hommes, les +55 Hommes, et les +55 Femmes participent à la Coupe du Monde Masters à Cap Town (Afrique du Sud). Annemieke Fokke en charge du collectif +45 Hommes pour cette compétition. À cette occasion, et dans le cadre de la mise en lumère des femmes dirigeantes dans le hockey, la Fédération s'est entretenue avec celle qui a été médaillée de bronze avec les Pays-Bas aux Jeux de Séoul en 1988 et surtout une médaille d'Or à Sidney en 1990. Ancienne entraineuse de l'équipe Elite Hommes d'Amiens, actuelle joueuse de l'équipe une Dames, ainsi que l'Equipe de France Masters +45 Hommes, Annemieke respire hockey. 

 

Pour ceux qui te ne connaissent pas, pourrais-tu te présenter ? 

Annemieke Fokke : Je m’appelle Annemieke, j’ai 54 ans je vis à Amiens. Je suis en France depuis 1996. J’ai 3 enfants, la dernière en 2009. Le plus grand est de 1996. D’origine, je suis kiné. Mais j’ai surtout travaillé dans l’industrie. En France, j’ai plutôt été en charge d’import / export : dans les cartons ondulés au début. Depuis 2016 dans l’emballage du carton plat pour le secteur boissons pour le BENELUX.

 

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 Annemieke Fokke en équipe de jeunes (4ème en haut en partant de la gauche) du HGC Wassenaar championne des Pays-Bas l’année de cette photo (saison ‘92/93) 

 

Retrouvez l’entretien dans le cadre de la rubrique Les Frenchies avec Annemieke Fokke en janvier 2021

 

Rentrons dans le vive du sujet. En parlant de tes expériences professionnelles, peut-on faire le lien avec ton rôle de manager de l’Equipe de France Masters Hommes +45 ?  As-tu développé tes compétences managériales au travail ?

A.F. : Manager est un grand mot, mais je l’ai fait pour des entreprises telles que Nestle. Surtout depuis le COVID. Au niveau du travail, je ne suis pas vraiment dans un rôle de manager. Je ne me sens pas légitime même si je pense avoir les compétences. Je préfère maîtriser l’ensemble des éléments techniques pour le faire. Par contre, le travail m’a apporté un savoir-faire sur l’autonomie que je peux rapprocher avec le sport : tu te dois d’être au top par toi-même. 

 

Tu as été une grande joueuse de hockey sur gazon ? L’amour du hockey toujours été là. Tu as évolué dans ce sport, en même temps que ta carrière ? 

A.F : Le hockey s’est arrêté quelques années dans ma vie à cause de ma situation personnelle. J’ai été contacté par une Néerlandaise qui vit en France depuis longtemps. Elle m’a proposé de revenir dans le hockey, ce que j’ai fait. Mon niveau m’a permis de revenir jouer sans problème. J’ai toujours dû gérer entre la vie personnelle, professionnelle et sportive. Ma dernière reprise provient des Vétérans garçons d’Amiens. J’aime apporter mon expertise tactique du sport. Ma force ? L’analyse tactique de l’adversaire. J’ai été une joueuse cérébrale, ce qui m’aide aujourd’hui dans mon rôle d’entraineuse. Je sais que j’ai toujours été vue comme « chiante » (rires) puisque même très jeune j’aidais à placer les joueuses autour de moi. La bascule dans le coaching est donc tout naturel pour moi. 

 

Cette vision de jeu, j’imagine que tu l’enseignes ? 

En effet. Les Masters +45 m’ont demandé de les coacher. Certains joueurs ont déjà appris de très bons coachs. Je me suis demandé si j’étais donc à la hauteur. Finalement, dès le premier briefing j’ai senti que certains ont appris. Chaque joueur a une responsabilité envers l’équipe et envers la gestion de l’adversaire. Le hockey est un sport collectif avant tout. J’oriente les individus les plus forts à faire mieux jouer les « plus faibles ». Les talents individuels doivent être au profit du collectif. 

 

Pour rebondir sur les Masters +45 Hommes, tu as toujours des différences de niveau. On ne parle plus de 11 de départ, mais d’un groupe au complet, parfois homogène. 

A.F. : Je dirais qu’un collectif n’est jamais homogène. Les qualités sont toujours différentes. Je peux entendre l’homogénéité d’une forme physique. Cela se travaille volontairement. Mais les qualités individuelles, en termes hockey, en souvent disparates. Mais c’est un coach de mettre les pions au bon endroit. Je viens d’effectuer le premier vrai weekend de matchs avec le groupe Masters +45. Au début, tu t’interroges beaucoup : je dois faire jouer lui, à ce poste, et lui à ce poste. Je n’en dors plus (rires). Tu veux bien faire. Je continue de tester mon collectif, notamment aux Pays-Bas le weekend du 3-4 septembre pour préparer la Coupe du Monde. 

 

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Annemieke Fokke au moment de son passage en tant que coach de l'Equipe Hommes 1 (c) Amiens S.C. 

 

En effet, tu étais à Dunkerque juste après le TQ de l’Equipe de France féminine pour deux matchs ? 

A.F. : C’est vrai, deux matchs contre le Pays-de-Galles. Pour le premier match, j’ai fait un briefing, placé des joueurs, des ajustements au fil du match en demandant de jouer à fond. On gagne 7 buts à 0. Le côté plaisir était très important. Le samedi soir, nous nous sommes amusé. Je pense que le dimanche matin n’était pas la forme optimale. Mais je n’ai mis aucune pression, nous sommes avant tout Masters et donc ici pour le plaisir. Dimanche matin, je dis volontairement au groupe d’imaginer que nous sommes en compétition, et que nous jouons aujourd’hui un match plus facile en imaginant que dès demain, nous jouerons un adversaire plus redoutable, donc de jouer plus tempéré, en attendant davantage l’adversaire. Par contre, je répète : « attention, nous nous endormons nous-même » et c’est ce qu’il s’est passé. J’ai reconnu les profils très compétiteurs de mon groupe, j’ai appris de ce collectif dimanche. Je sais qui aura toujours le même niveau de jeu, je vois ceux qui sont davantage affecté par la fatigue. On ne gagne que 1-0 avec beaucoup de déchets. Mais ce match permettra d’avoir une piqure de rappel

 

Donc on peut dire que pour toi aussi, tu es en pleine préparation ? 

A.F. : A fond ! Je dors bien habituellement, mais là ça remue dans la tête (rires). C’est comme ça, je suis compétitrice aussi, même si j’aime m’amuser. Et il faut savoir que j’ai la pression des joueurs (rires). 

 

En parlant de la Coupe du Monde, l’objectif est de remporter la Coupe ? 

A.F. : Je ne souhaite dire que je vise absolument le titre. Nous devons donner notre meilleur à chaque match, et on verra ou cela nous mènera. Je ne veux pas qu'on ait quelque chose se reprocher en fin de match, en fin du tournoi. Être sur d’avoir tout donné. Je ne veux pas décevoir. D’autres équipes ont des collectifs plus larges : Allemagne, Pays-Bas et Angleterre. Mon noyau est toutefois excellent. Mais ces équipes pourront cibler nos faiblesses et appuyer dessus. Mais, ce retard peut être comblé avec le collectif. Avec la solidarité et une meilleure forme physique, nous pouvons faire la différence. Je dois faire attention à ce que certaines individualités n’affectent trop le collectif. Le staff est composé de 19 joueurs, 1 joueur sera plutôt un T2 avec moi. Mais il faut prendre en compte qu’il sera 3 semaines en congés pendant ce temps sans jouer. J’ai un manager qui comprend les choses. J’ai des joueurs ur le banc qui participent et qui ont des responsabilités collectives

 

Quelle est la suite ? 

A.F. Nous partons le 29 septembre. Les matchs contre les Pays-Bas étaient les derniers. Nous avons la chance d’avoir un programme physique mis en place par un joueur, Fabien Cordelier. J’estime que les joueurs jouent le jeu. 7 matchs en 10 jours, à notre âge (rires), il faut être prêts

 

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Le collectif masters +45 masculins entraîné par Annemieke

 

Pour les soutenir financièrement

 

 

Revenons sur la gestion d’un collectif. Comment manager différents profils et surtout comment jongler entre plaisir et compétition. J’imagine que les joueurs sont compétitifs et veulent des résultats. Tu dois leur rappeler la compétition ou plutôt de se faire plaisir ? 

A.F. : Je rappelle toujours que le résultat ne vient qu’avec l’amusement. Mais il peut être trouvé de différentes manières : À 45 ans, j’estime que chacun prend sa propre responsabilité. Chaque individu donne pour le collectif. Certains ont besoin d’être détendu, d’autres en très concerné, d’autres pas forcément. Je ne suis pas flic. Si cela ne vient pas tout seul, c’est compliqué. Les joueurs sont là, donc ils sont sérieux. Ils sont forcément tous ultra-volontaires. Nous ne sommes pas en A, nous sommes Masters. Ils prennent des congés, ils font un effort physique, forcément et surtout naturellement, ils sont tous concernés. Il faut rappeler qu’ils dépensent aussi une somme pour partir en Afrique du Sud. On va mettre les moyens pour réussir la compétition. Il en faut pas rater les matchs. Mais, ce n’est pas une fin en soit. Nous sommes là aussi pour nous amuser

 

Est-ce différent d’être une entraineuse femme d’un collectif hommes ? 

A.F. : Parfois, cela peut être bizarre. C’est vrai que j’ai cette expérience avec les +50 et cela ne m’a pas gêné. Je m’interroge toujours de savoir si le collectif va accepter cela. Mais avec mon expérience du haut-niveau, disons que les joueurs me trouvent, je crois, légitime. Quand je pars hockey, je ne m’interroge pas sur cette problématique. Quand je motive l’équipe, je suis à fond. Forcément, mon contexte aide. Enfin, je pense qu'une vision féminine peut être intéressante pour un collectif masculin. 

 

 

 

 

 

 

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