Le Cercle Féminin de Paris a pour particularité de compter parmi ses adhérents plus de 50% de femmes. C'est pourquoi la FFH a voulu s'intéresser de plus près à ce club dans le cadre du Printemps du Hockey 2020. Alexis Lalouette, secrétaire général du club, a répondu à nos questions en retraçant l'histoire du club, son développement et la place importante qu'occupent les femmes en son sein.
Bonjour Alexis, pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
Je m’appelle Alexis Lalouette. Le hockey est une histoire familiale ; mon père était joueur au Polo de Marcq dans les années 50 avant de rejoindre le Stade Français dans les années 70. J’ai commencé le hockey en compétition dans les années 80 au collège puis au Cercle Féminin de Paris (CFP). Malgré des années de pratique, je suis resté un joueur très moyen, pratiquant en Nationale 2 dans mes meilleures années. Je suis secrétaire général du club depuis plusieurs années.
Pouvez-vous nous raconter la création du club ?
Le Cercle Féminin de Paris a été créé en 1928 par Simonne Pierson-Chapoteau, athlète internationale en Basket, Football et Athlétisme. Elle est championne du monde de pentathlon 1923. En créant le Cercle Féminin de Paris, club exclusivement féminin, Simonne Pierson souhaitait élargir la pratique sportive aux femmes, pratique peu courante à l’époque.
Pouvez-vous présenter l’histoire du Cercle Féminin de Paris de sa création à aujourd’hui dans les grandes lignes ?
J’aurais du mal à retracer l’histoire complète du club depuis sa création. Le Cercle Féminin de Paris est un club omnisport localisé depuis sa création dans le XVIème arrondissement de Paris. Nos activités se font sur les installations de la ville de Paris. Nous avons environ 800 adhérents répartis dans nos 4 sections : Hockey sur gazon (stade la Muette et pelouses d’Auteuil), Karaté (gymnase des Bauches) Natation (piscines d’Auteuil et Montherlant) et Tennis (boulevard Lannes, Tennis Niox). Simonne Pierson a été présidente du club jusqu’en 1976, année où elle a cédé sa place à Geneviève Brun, autre figure haute en couleur du sport de l’ouest parisien. Depuis 1993, et pour la première fois, le CFP est présidé par un homme, Gonzague de Monteil. Exclusivement féminin à sa création, le club s’est « masculinisé » dans les années 70 ; pour parler d’une section que je connais bien, la première équipe masculine de hockey a été créée dans les années 70 dans le cadre d’accords avec le hockey scolaire. L’objectif du club est de proposer à toutes et à tous une pratique sportive conviviale, quel que soit le niveau – nous accueillons donc, dans toutes les sections, des pratiquants débutants à confirmés. Aujourd’hui, nous avons trois équipes féminines évoluant en Nationale 1, Nationale 2 et Régionale. Nos équipes masculines évoluent en Nationale 2 (la H1 a fait deux apparitions en Nationale 1 dans les années 1990 et 2010) et Régionale.
Plus de la moitié des adhérents du club sont des femmes, quel est votre secret ?
La moitié des adhérents de la section hockey sont en effet des femmes (je n’ai pas les chiffres pour l’ensemble du club). Je ne crois pas qu’il y ait un secret particulier. Depuis de nombreuses années, nous accueillons toutes les personnes souhaitant pratiquer le hockey, de la débutante à la joueuse confirmée. Deux choses me semblent importantes : les créneaux d’accueil et la dynamique. Concernant les créneaux d’accueil, il est primordial d’offrir des horaires compatibles avec la vie professionnelle. En région parisienne, il est classique d’avoir entre ½ et une heure de trajet pour rejoindre l’entraînement. Si on souhaite faire venir des jeunes femmes, encore étudiantes ou entrant dans la vie professionnelle, il nécessaire de proposer des créneaux « pratiques », soit après 19h00 et idéalement 20h00. La seconde chose est la dynamique. Tout d’abord, il est nécessaire d’être extrêmement réactif sur les demandes ; quand nous recevons une demande de renseignements, nous répondons dans la journée et invitons la personne à venir nous voir. Quand la personne arrive à 20h00 le mercredi à la Muette, elle trouve un terrain de hockey avec 30 à 40 pratiquantes réparties en deux groupes ; elle est reçue par la personne avec qui elle a été mise en contact par mail et tout de suite mise dans le bain. Ensuite, la dynamique et l’ambiance est souvent affaire d’adhérents et il faut souligner le travail et les efforts faits par nos capitaines, Marine, Marianne et Kate pour faire vivre le hockey sur le terrain et en dehors du terrain ; sans ses adhérents et leur implication, le club n’existerait pas. Je ferais remarquer que notre équipe 2 est presqu’exclusivement constituée de femmes ayant moins de 5 ans de hockey et formées au CFP.
De manière générale, je pense que le hockey a une grosse carte à jouer dans le paysage du sport collectif féminin et je crois que nous avons un gros potentiel en région parisienne.
Vous accueillez également des étudiants ERASMUS dans votre club, y a-t-il un accueil spécial (pour la langue par exemple), comment cela se déroule-t-il s’ils arrivent en cours d’année ?
Il n’y a pas à proprement parler d’accueil spécifique. Comme pour tout le monde, nous sommes réactifs aux demandes et, en effet, nous communiquons en anglais par mail. Nous pouvons si nécessaire également communiquer en italien, espagnol, allemand et néerlandais. Nous avons des adhérents de nombreuses nationalités ; les étudiants qui arrivent sont donc immergées dans une ambiance très internationale avec de nombreuses langues parlées, dont souvent la leur. C’est, je pense, un facteur d’intégration très important. Les étudiants arrivant en cours d’année intègrent les équipes comme s’ils arrivaient en début d’année – ils peuvent bénéficier d’un tarif demi-saison.
Quelles sont aujourd’hui vos priorités de développement ? Quelle place a la féminisation dans ces priorités ?
Nous cherchons actuellement à relancer notre école de hockey. Le hockey féminin reste une priorité. J’en profite pour faire passer le message que nous cherchons un entraîneur pour notre équipe 2 féminine (mercredi 20h00-22h00) qui travaillerait en collaboration avec Eric Schmidt responsable de l’équipe première.
Comment envisagez-vous le Hockey français, aux Jeux Olympiques Paris 2024 ?
J’espère que nos équipes nationales feront bonne figure. Si l’Equipe de France masculine a fait d’énormes progrès ces dernière années, un gros travail reste à faire avec l’Equipe de France féminine. Quels que puissent être les résultats de nos équipes nationales en 2024, j’espère que les JO seront l’occasion de mettre en lumière le hockey et de faire venir de nombreux nouveaux adhérents sur les terrains.