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Réussir au feminin

Féminisation des fédérations, Mode d'emploi

Interlocutrice des fédérations pour leurs plans de féminisation, Marie-Françoise Potereau promeut aussi le sport féminin à travers l'association Femix'Sports.

Un temps monitrice de ski, cycliste de haut niveau, membre de l'équipe de France sur route de 1983 à 1989 (Elle participe à 5 Tours de France aux côtés de Jeannie Longo). Elle entamme ensuite une carrière de Cadre Technique en région Rhône-Alpes. DTN adjointe à la F.F.C en 2005, elle occupe à partir de 2009 le même poste à la F.F. Hockey sur Glace avant d'être nommée conseillère au ministère des Sports, chargée de la féminisation des fédérations. Cette nouvelle fonction rejoint son engagement bénévole comme présidente de Femix'Sport. Regard croisé d'une femme qui maitrise bien la chanson de la féminisation. 

 

Marie-Françoise Potereau, vous êtes depuis un an conseillère interfédérale au ministère des Sports, chargée de la féminisation des fédérations (1) : en quoi cela consiste-t-il ?
J’accompagne l’ensemble des fédérations qui le souhaite dans l’application de leur plan de féminisation : je réponds à leurs questions et les conseille sur leurs actions. J’apporte également mon concours pour l’organisation de tables rondes ou de réunions de leurs instances sur cette thématique.
Avec Femix'Sports, nous sommes partenaires et associés aux « 4 saisons du sport féminin » : une action de promotion « médiatique » du sport féminin qui réunit en comité de pilotage le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Spors et le ministère de la Famille, enfants et des droits des femmes et le Conseil Supérieur de l’audiovisuel.


Les fédérations auront-elles toujours l’obligation de présenter un plan de féminisation, sous peine de voir leurs moyens financiers amoindris dans le cadre de leur convention d’objectifs ?

Ces plans seront bien évidemment reconduits. Ils ont été initiés en 2012 et portent sur cinq grands points : féminisation des instances dirigeantes et l’encadrement technique ; promotion des femmes dans le sport de haut niveau (via des conventions d’insertion professionnelle) ; médiatisation du sport féminin (par la diffusion d’épreuves); développement de la pratique ; développement de l’arbitrage féminin.
Nous réfléchissons à une évolution qui mettra l’accent sur la mixité. Ceci afin de répondre aux particularités des fédérations qui sont déjà fortement féminisées comme par exemple la FF Equitation, et la FF Gymnastique. D’autre part, le sport féminin doit avancer de pair avec le sport masculin. L’un ne va pas sans l’autre avec le souci d’une prise en considération de cet enjeu de mixité des pratiques.


Ne s’agit-il pas de catalogues de bonnes intentions ?

Non, car chaque année une évaluation est réalisée sur la base d’indicateurs précis. J’ajoute que les fédérations qui voient leurs effectifs augmenter sont celles qui ont développé des plans de féminisation. De quoi faire réfléchir les autres...
A l’instar des « quotas » dans les sphères politiques, les plans de féminisation sont de véritables boosters pour les fédérations.


Avez-vous des recommandations sur la méthodologie de construction d’un plan de féminisation applicable et réalisable ?

Une politique volontariste de la fédération en priorité. Ensuite il faut partir d’un état des lieux précis et consulter l’ensemble des acteurs. (Club, CD, Ligues) pour construire le projet en commun et fédérer autour de cette thématique. Bref, on rassemble.
Ensuite, c’est important de prendre en compte la notion de progressivité. Bien qu’il y ait 5 axes de travail, la fédération doit faire des choix pour prioriser le développement d’axes plus pertinents que autres.


Dans le cadre de vos fonctions à la DTN de la FFC et FFHG, avez-vous des exemples d’actions, d’outils à partager qui ont fait leurs preuves ?

Les journées portes ouvertes « féminine ».
C’est une 1ère action et un 1er outil à mettre en place qui peut générer très vite de l’engouement. Parce que l’on est à la fois sur de la découverte et sur convaincre que c’est possible de faire du hockey féminin.
Pour les structures, c’est une opération peu couteuse, mais qui peut très vite être génératrice de licences. Cela doit pouvoir toucher toutes les catégories d’âges. Surtout que le hockey est un sport intergénérationnel et familial. D’ailleurs, sur vos outils de communication, cela pourrait être une idée de mettre en avant cette particularité illustrée par une photo d’une jeune fille et sa maman jouant au hockey.
Autre action pilotée par la Direction Technique Nationale lorsque je travaillais à la FFHG, nous avons mis en place des stages estivaux fédéraux qui allient à la fois la pratique de la discipline et d’autres activités de vacances. C’était un outil de promotion qui nous a permis aussi de détecter des talents. Après plusieurs saisons, c’est devenu un produit commercial, source de profit pour la discipline.


Réussir au féminin cela passe-t-il par plus de féminisation des cadres ?

Quand des parents amènent leur fille dans un club et ne voient aucune femme dans l’encadrement, cela engendre parfois un blocage. Je prends un exemple : chaque deuxième week-end de septembre, la fédération de hockey sur glace organise des journées portes ouvertes pour les filles. Elles se retrouvent à cinquante ou soixante, encadrées par des femmes. Mais quand elles reviennent en club, elles sont souvent uniquement entourées de garçons et d’entraîneurs hommes, ce qui douche parfois les enthousiasmes...


Est-ce différent d’avoir un entraineur femme ?

Oui, je le crois. Surtout, il convient d’adapter la pédagogie aux jeunes filles et aux femmes, qui n’ont pas les mêmes valeurs, les mêmes attentes, les mêmes émotions avec des aptitudes techniques parfois différenciées des garçons. La Fédération française de tennis l’a bien compris et a produit un document sur la façon de s’adresser à une jeune fille. On ne peut nier une différence de sensibilité. Pour avoir moi-même entraîné, je puis affirmer qu’on ne parle pas à une fille comme à un garçon. Il est important qu’on apprenne, dans le milieu associatif sportif, à accepter et à gérer ses différences et les différences d’autrui.


Et que change la féminisation des instances dirigeantes ?

Lorsque les femmes sont absentes ou très minoritaires dans un conseil d’administration, l’aspect féminin est systématiquement très peu pris en compte. Les femmes apportent également une autre vision, une écoute particulière. C’est reconnu dans le monde de l’entreprise, qui promeut aujourd’hui les binômes homme-femme. D’où l’importance de travailler sur la mixité à tous les niveaux.


Comment renverser cet état de fait : Il n’y a pas assez de mobilisation de la part des femmes dans le sport ? Comment encourager cet engagement à tous les échelons ?

Le meilleur levier, l’application de la loi, du 4 Aout 2014, sur l’égalité dans tous les domaines de la société et le sport n’est pas exempt de cette application.
En dehors de la loi, il y a une prise de conscience d’accueillir et d’accompagner les femmes dans cet engagement. Enfin et surtout, être convaincu(e) soit même. C’est aussi une richesse pour amener des compétences nouvelles et disponibles dont nos associations ont tant besoin. La niche (dans le sport) est encore sous-exploitée.


Quel lien faut-il voir entre vos fonctions au sein du ministère et votre engagement à la tête de l’association Femix’Sports ?

Femix’Sports a toujours été dirigée par des personnes exerçant des fonctions au sein de l’Éducation Nationale ou du ministère des Sports, comme c’est mon cas. Son action est complémentaire et relaie les politiques ministérielles. Concernant les plans de féminisation par exemple, depuis deux ans Femix est support organisationnel d’une journée d’échange entre fédérations sur leurs dispositifs et leurs actions, intitulée « Partageons nos elles ».

 


Justement, la FFH envisage sérieusement d’initier un colloque dédié à la féminisation. Quelles pourraient être les 1ères étapes d’une collaboration entre nos 2 organisations ? La mise en place d’une convention peut-elle être un préalable pertinent ?

Je salue cette initiative avant tout. Femix’Sports s’impose aujourd’hui comme le réseau incontournable « Femmes et Sport » permettant de partager, d’échanger, de promouvoir et de valoriser la place des femmes dans le sport.
Notre savoir-faire se situe précisément sur l’accompagnement des fédérations pour monter ce type de rassemblement. Nous vous guidons dans le format, l’intervention de personnes ressources, la mise en réseau.
Par ailleurs, depuis 2014, Femix’Sports développe un programme « REUSSIR AU FEMININ POUR UNE ASSOCIATION EN MIXITE » en proposant des modules de formation de dirigeantes dans le but d’accéder aux postes à responsabilité. De même, l’animation du réseau des femmes entraîneurs, cadres techniques, conseillères d’animation est amorcée pour mettre « les femmes et le sport en mouvement ».
Nous serons donc ravis de pouvoir vous associer au sein de notre réseau, pour davantage de visibilité et une forme de crédibilité. Un partenariat est donc un rapprochement très utile dans le cadre de votre démarche.

 

Propos recueillis par Aurélie Morin 

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